Rythmes scolaires : quelles activités pour les enfants d’Épinay en 2014 ?
Comme 80% des communes françaises, la ville d’Épinay-sur-Seine n’appliquera la réforme des rythmes scolaires, appelé aussi rythmes éducatifs, qu’à partir de la rentrée 2014. Il est cependant essentiel que les grandes lignes de sa mise en œuvre soient rapidement tracées, afin que cette année 2013-2014 permette d’offrir aux écoliers spinassiens un changement de qualité dans un an.
Des annonces insuffisantes
La municipalité d’Épinay prend malheureusement à la légère une réforme fondamentale pour nos écoliers et leur réussite. Le récent numéro de la revue officielle du maire de droite aborde ainsi la question d’une façon bien peu claire, qui traduit le manque de travail de cette municipalité bien peu concernée par l’avenir de nos enfants.
À en croire la municipalité, donc, il s’agit « de définir les nouveaux horaires (qui seront les mêmes pour toutes les écoles de la commune) et si la demi-journée supplémentaire sera le mercredi ou le samedi matin ». C’est prendre cette réforme d’une façon minimale et en ignorer totalement les principaux objectifs. On peine à comprendre quel est le « projet éducatif cohérent » que cette municipalité se targue d’élaborer.
Rappel : quelle réforme, pour quels objectifs ?
La réforme des rythmes scolaires ou éducatifs, tant débattue dans les médias, est issue du décret du 24 janvier 2013 sur l’organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires. Il a pour objectif de revenir sur la semaine de 4 jours, dont la conséquence est que les écoliers ont moins de jours d’école que dans tous les autres pays de l’OCDE (144 jours contre 187 jours en moyenne) et subissent donc des journées plus longues, plus chargées, plus fatigantes.
L’objectif est donc de mieux adapter le temps d’apprentissage aux enfants, mais aussi de mieux articuler temps scolaire et périscolaire en ouvrant aux enfants « des activités sportives, culturelles, artistiques qui contribueront à développer leur curiosité intellectuelle et à renforcer le plaisir d’apprendre et d’être à l’école ». C’est là que la municipalité entre en jeu, afin de coordonner l’offre d’activités périscolaires et d’en garantir la qualité.
Des moyens importants
La question des moyens financiers, avancée par certaines communes pour retarder la réforme, est en l’espèce peu adaptée. Il est en soi dommage que la municipalité n’ait pas fait l’effort d’une mise en œuvre dès la rentrée 2013, qui aurait garanti aux écoliers spinassiens une aide exceptionnelle s’élevant à 90 euros par élève pour l’année 2013-2014 et 40 pour l’année 2014-2015.
Il n’en reste pas moins que l’aide pour Épinay, ville éligible à la dotation de solidarité urbaine (« DSU cible »), s’élèvera à 45 euros par élève, auxquels il faut ajouter les budgets existants dans le périmètre éducation et jeunesse, déjà consacrés aux activités périscolaires, ou ceux qui pourront être réorientés vers ce domaine prioritaire. Les soutiens financiers existants à l’accueil périscolaire des enfants, par les caisses d’allocations familiales (CAF) notamment, se poursuivront aussi et se renforceront avec la création de nouvelles activités périscolaires.
Les 10 000 écoliers d’Épinay-sur-Seine disposeront donc d’une enveloppe minimale de 450 000 euros qui viendra s’ajouter aux 18M€ consacrés annuellement par la ville à l’éducation et à la jeunesse.
Pour un projet ambitieux et juste envers tous
La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école parue du 8 juillet 2013 met en place les projets éducatifs territoriaux (PEDT). Le PEDT doit être élaboré à l’initiative de la commune, en coopération avec les acteurs concernés (administrations de l’État, associations, institutions culturelles et sportives, etc.).
Il est donc essentiel que la commune élabore un PEDT en concertation avec le personnel éducatif, les associations et institutions culturelles et sportives, mais aussi avec les parents d’élèves. La réforme des rythmes scolaires doit être mise en œuvre à Épinay avec les familles, pour la réussite de leurs enfants, et ne peut concerner uniquement le choix du mercredi matin ou bien (par dérogation) du samedi matin pour la demi-journée de classe supplémentaire.
Quelques principes fondamentaux doivent en tout cas guider une réforme ambitieuse pour nos enfants et juste pour tous :
- Toute tarification des activités périscolaires doit être rejetée, à l’inverse de ce qui est fait aujourd’hui dans les centres de loisirs du mercredi. Laissée au libre choix de la commune, cette tarification serait un facteur discriminant entre les enfants qui pourraient ou non participer aux activités périscolaires, et dans le choix de ces activités.
- Facultative, la participation aux activités périscolaires doit être incitée par une offre riche et qualitative. Il est essentiel que tous les enfants d’Épinay-sur-Seine, quel que soit leur quartier et l’origine sociale de leurs parents, se voient proposer de véritables apprentissages artistiques, culturels et sportifs.
- Théâtre, danse, musique, sports collectifs ou individuels : les enfants d’Épinay ont droit aux activités les plus enrichissantes, mais cela implique aussi une réelle exigence et de réels moyens consacrés dans l’équipement et l’encadrement de ces activités. Tout l’inverse de ce qui est aujourd’hui pratiqué dans les centres de loisirs de la municipalité, simple garderie tarifée où aucun projet ne guide l’enfant dans ses activités.
- La réforme des rythmes scolaires doit aussi être l’occasion de mieux garantir les droits de tous enfants, en particulier pour l’accès à la cantine, quels que soient les moyens de leurs parents. De même, il est essentiel que la cantine soit ouverte au terme de la matinée de classe supplémentaire, particulièrement si celle-ci est placée le mercredi matin.