Pour rendre hommage à Patrice Chéreau
La disparition de Patrice Chéreau (1944-2013), victime d’un cancer à l’âge de 68 ans, attriste tous les amoureux du théâtre, de l’opéra, du cinéma, et endeuille Épinay et ses studios.
Outre ses mises en scène engagées et novatrices de classiques (Ibsen, Marivaux) comme de contemporains (Koltès, Müller) ou l’entreprise de réinvention qu’il appliqua à de nombreux opéras (à commencer par le Ring de Wagner et la mythique production de Bayreuth en 1976 avec Pierre Boulez, qui dirigea aussi le Lulu de Berg restitué à Paris en 1979), Patrice Chéreau fut un réalisateur de cinéma rare, aussi brillant qu’imprévisible.
La Reine Margot et les studios d’Épinay
Les studios d’Épinay-sur-Seine avaient vu naître certains de ses films, à commencer par celui qui demeurera sans doute comme son chef-d’œuvre, du moins comme la plus regardée et la plus diffusée de ses réalisations. La Reine Margot avait ainsi été tourné en grande partie sur les plateaux des studios Éclair (désormais TSF), en 1993.
Nul mieux que Chéreau n’aura représenté la violence et ses multiples variations, du bain de sang de la Saint-Barthélémy à la cruauté glaçante de Catherine de Médicis. Dans ce film saisissant par ses atmosphères et son propos, l’ambition de Chéreau était ouvertement inspirée de celle du Visconti des Damnés : « Raconter l’histoire d’une famille monstrueuse à l’intérieur de laquelle tous les crimes restent impunis ».
L’engagement d’un artiste
Artiste engagé, authentique homme de gauche depuis la manifestation de Charonne en 1962 jusqu’à la campagne de Ségolène Royal en 2007, Patrice Chéreau nous laisse une œuvre exemplaire, un patrimoine à transmettre et représenter.
Il demeurera l’un de ces grands noms que nous honorerons, dans la capitale du cinéma français que se doit d’être Épinay-sur-Seine.