Peuple du Congo-Kinshasa : lève-toi et marche mains nues !
C’en est désormais trop. Le régime de Joseph Kabila a tout épuisé, dans ce vaste pays, qui devrait être une des locomotives du développement de l’Afrique. Tous les droits fondamentaux et élémentaires y sont violés, au nom d’un seul et pour le compte d’un clan. Peu leur importe le pays. Ils ne veulent pas être des modèles, comme Jerry Rawlings (Ghana) et tant d’autres leaders africains ont su ou savent encore l’être.
Un régime, brutal, « sans sel et sans fin », pour reprendre le vieux mot d’Anacharsis Cloots; un régime qui cumule tous les grands défauts publics pour un État : gabegie, corruption maladive, séquestration, liquidation ou bannissement d’opposants, violence gratuite, incapacité manifeste à tenir les frontières, pillage des richesses, arbitraire, défaillance des structures publiques, armée moribonde. Mais alors si prompt à réprimer les civils non armés.
Crime démocratique : ce régime s’en prend à sa propre société civile et s’attaque frontalement à ce qui, dans cette sphère, reste encore debout et libre : l’Église catholique qui, par sa médiation, l’avait sauvé avec les Accords de la Saint Sylvestre. Une telle ingratitude est sans doute l’avant-dernière erreur majeure de ce régime.
Un régime brutal, sans âme démocratique, sans égard pour les citoyens, cupide, abject, qui ne promeut aucun véritable plan de développement ; qui ne sait et ne s’appuie que sur la force directe, jusqu’à abattre des femmes au seuil ou sur le parvis des églises, comme chacun peut aller voir et vérifier avec les vidéos. Un régime courageux devant les faibles mais qui se courbe devant les forts.
Au plan intérieur, ce régime a gaspillé sa légitimité, en annulant les Accords de la Saint Sylvestre, et a endommagé sa légalité, en rejetant la Constitution. Au niveau international, il a dépensé toute sa crédibilité. C’est pourquoi Donald Trump vient de neutraliser Dan Gertler, financier du régime ; que la Belgique oriente l’Union Européenne ; que la France ne peut être d’aucun secours. La sous-région voit sa carte politique se modifier. Le Vatican n’abandonnera pas les siens. Le temps est donc mûr pour que ce régime soit aboli.
L’église qui, avec la fusillade de ses fidèles ne peut plus rester neutre, vient d’en donner le ton et l’orientation. Les Évêques sont en première ligne. L’armée, marginalisée, est scindée. Des officiers supérieurs et républicains attendent le moment, pour agir et tenir en respect la gendarmerie et la police, qui se rangeront très rapidement.
La fin du système se dessine. Il ne manque qu’un seul ingrédient pour le changement : un soulèvement populaire et pacifique : cent mille manifestants dans Kinshasa, et le régime tombera. Alors, que le peuple congolais se lève et marche, bras et mains nus, jusqu’à ce que Joseph Kabila annonce l’une des deux hypothèses suivantes :
1/ soit qu’il ne sera pas candidat, lors des élections présidentielles prévues le 23 décembre 2018. Et dès lors, il pourrait mettre en place un schéma sur le modèle Poutine-Medvedev, c’est-à-dire plus exactement « tropicaliser » ce modèle, en choisissant un candidat de confiance dont il deviendrait le Premier ministre, en cas de victoire dans une élection propre et sans conteste ;
2/ soit qu’il se retire immédiatement de la scène politique, en négociant son immunité, comme Robert Mugabe, qui est l’exemple le plus récent. Il faut toujours laisser une porte de sortie aux adversaires, comme l’enseigne Sun Tzu, dans L’art de la guerre : « À un ennemi encerclé vous devez laisser une voie de sortie ».
Mais l’orgueil aussi se paie cash. Joseph Kabila devrait le savoir. Il n’y a pas de honte à quitter ou à perdre le pouvoir, quand on aime son pays et même si l’on n’est pas ou plus compris par le peuple. Car, c’est un droit fondamental, pour tout peuple de se tromper et de faire des mauvais choix ; puisque, c’est toujours lui qui paiera, et parfois cash. L’erreur n’est pas seulement humaine. Elle est également populaire.
Peuple du Congo-Kinshasa, lève-toi et marche… Aucune force, au monde, n’écrira ton histoire à ta place. Un de tes plus brillants fils a dit : « Un jour l’Afrique écrira sa propre histoire ». J’ai encore en mémoire le vinyle de ce mémorable discours de Patrice Lumumba, tant de fois écouté durant ma jeunesse. Il est venu le temps que tu écrives cette histoire, peuple du Congo-Kinshasa. Peut-être la sagesse ou la sagacité atteindra-t-elle alors Joseph Kabila, pour ne pas qu’il mène la bataille de trop.
Chacun sait quel est le destin d’un cœur endurci à la nuque raide, fût-il un Pharaon.