Nouvelle démagogie électoraliste du maire d’Épinay : un musée berbère
Dussé-je le répéter, le maire d’Épinay-sur-Seine est un grand fossoyeur de République. C’est même un champion du communautarisme de bas étage. À l’observer, il en a fait une vraie spécialité si bien qu’on pourrait l’élever au grade de « docteur ès communautarisme », notamment avec sa dernière trouvaille qui détonne de stupidité intellectuelle, vibre d’opportunisme politique et exhale l’odeur mauvaise d’une démagogie clientéliste : la création d’un musée berbère à Épinay. Quel peut être l’intérêt local ou la valeur ajoutée d’une telle annonce ?
C’est que notre ville, Épinay-sur-Seine, est devenue une juxtaposition chaotique de communautés, parce que la municipalité de droite s’est évertuée à réduire sa politique publique au calcul des suffrages communautaires pour les Municipales de mars 2014. Et si à cet inquiétant clientélisme on ajoute l’aggravation de l’insécurité et l’extension de la précarisation des familles, alors, dans notre commune, la France et sa République sont en cours d’extinction. En effet, le communautarisme y est triomphant, au point que chaque communauté s’organise pour faire sa propre promotion et pour obtenir la satisfaction de ses exigences culturelles et cultuelles. C’est à cela que sont aujourd’hui réduites les missions de service public. Et la mairie d’Épinay-sur-Seine est devenue un guichet pour communautés. Pauvre Épinay !
Mais, dans cette destruction en règle de la République, on aurait tort de croire que ce maire procède sans calcul politique ou, selon la formule consacrée, « à l’insu de son plein gré ». Car la décision de communautariser Épinay procède d’une intention conforme, d’une part, aux orientations politiques du Mouvement Pour la France (MPF) de Philippe de Villiers (scinder les « Français » des « Autres » dans l’Hexagone), dont le maire garde de profondes traces, et, d’autre part, à l’idéologie de L’Action française de Charles Maurras (développement séparé des communautés). La communautarisation s’est inscrite dans l’espace urbain, par une géographie de peuplement qui, en accord avec certains bailleurs sociaux et promoteurs immobiliers, a confiné les communautés dans des sous-quartiers transformés en véritables enclaves, avec toutes les conséquences néfastes que nul n’ignore.
Cette conception maurrassienne et devilliériste est aux antipodes de ce que, depuis Clisthène, la République est : une institution qui construit l’égalité entre citoyens par la ferme relégation des communautés au second plan de la vie publique et par la destruction des communautarismes. Et c’est bien ainsi que la France s’est jusqu’ici bâtie. Et c’est bien cela qui fait maintenant l’objet d’une déconstruction obstinée par le maire et son équipe. Le projet du Musée berbère s’inscrit dans cet horizon, comme bien d’autres. Et c’est bien cela « Épinay d’abord », une association au nom perfide et au slogan trompeur, qui, finalement, n’aura construit notre ville que comme une juxtaposition de communautés éparses.