Merci encore Fidel, ami de l’Afrique !
De Cuba la prostituée, la joueuse et la droguée, parce que livré tout entier à la Mafia (Lucky Luciano, Meyer Lansky), totalement abandonné à l’impitoyable dictature de Fulgencio Batista (23.000 assassinats) et complètement soumise aux intérêts et calculs des grandes firmes américaines (Morgan, groupe Rockefeller, etc.), Fidel Castro en fera une île idéaliste et rebelle, mais aussi et surtout l’ami de tous les peuples opprimés de la terre, en particulier ceux de l’Afrique colonisée et martyrisée. Merci donc au Lider maximo !
Au vrai, le Cuba de Batista impactait le monde par le vice, quand le Cuba de Fidel infléchira l’histoire universelle par la vertu, n’en déplaise à Frédéric Couderc, à Jacob Machover ou Michel Onfray et quelques autres auteurs chagrins qui, par une audace volontaire, oublient dans quel enfer Cuba était alors enfermé. Certes, ils aimeront toujours la démocratie, mais uniquement lorsqu’elle sert le Capital, les puissants et une minorité.
Il faut avoir lu Enrique Cerules, pour être choqué et dégouté par le « portrait social » (prostitution, casino, drogue, alcool, blanchiment, corruption, pauvreté, etc.) et horrifié par le « système de production » (canne à sucre, tabac, café à l’Est, chemin de fer de 5600 kms dont 4600 kms pour le transport agricole ; secteur tertiaire à la Havane) du Cuba de 1958. Qui oubliera, sinon les vaillants amnésiques, par exemple, que près de 10% des femmes cubaines majeures étaient des prostituées, gagnant leur pitance par le commerce dégradant de leurs corps ? La débauche à grande échelle était un métier lucratif et faisait partie intégrante du système productif cubain. La paysannerie pauvre grandissait, et Guillermo Portabales en chantera la complainte avec la formule poignante « sudando por un dinero » (suant pour si peu d’argent), ou dans son Lamento cubano (Lamentation cubaine) ou Tristeza guajiro (Triste paysan) voire même El carratero. Est-ce étonnant que dans Guantanamera , chanson universelle, hymne révolutionnaire, le Cubain révolté entonne une espérance : « avec les pauvres de la terre, je voudrais abandonner mon sort » !
Et Cuba était déjà la plaque-tournante de la drogue. En réalité, on l’oublie, la prise de pouvoir castriste advient au moment même où Cuba est sur le point de devenir le premier narco-État de l’histoire, parce que déjà le « siège social » mondial de la Mafia américano-sicilienne. Fidel, et c’est son immense mérite, en a empêché la formation. Au reste, nul ne sort son peuple d’un tel enfer, par la mollesse. Et qui maintient en souvenir l’horrible situation cubaine remerciera Fidel de n’avoir rien perdu de son énergie initiale de révolte. Il aura été le constant avocat du peuple, en réalisant du mieux possible ce qu’Aristote appelle « le gouvernement populaire » et qui, selon ce philosophe, naît toujours d’un gouvernement « oligarchique » (in Les Politiques). Ainsi, était-il prévisible que le régime de Fidel Castro naisse de celui de Fulgencio Batista. C’est à Aristote qu’il faut ici donner raison. .
Ainsi, depuis Santa Clara (Est de Cuba), le 28 décembre 1958, il fondit avec ses « camarades » et l’appui des Guajiros (paysans) sur la Havane, balayant Batista qui, abandonnant son régime, s’enfuira pour le Portugal et l’Espagne où régnaient en dictateurs António Salazar et Francisco Franco. Un tyran ou un dictateur ne se réfugie-t-il pas toujours chez les siens ou ses homologues ? Pauvre Michel Onfray, colporteur de rumeurs démagogiques de la propagande impérialiste sur le train de vie de Fidel.
Fidel ! Je me souviens de mes lectures passionnées de la fin de mon adolescence active. C’est dans ses écrits que j’ai découvert, pour la première fois, de véritables considérations écologiques à partir du matérialisme dialectique de Marx et d’Engels. C’est, il faut le reconnaître, l’un des grands apports de Fidel. Il enseignait aux enfants cubains, dans une exceptionnelle « pédie » (pédagogie) de la dialectique, comment jouir de la Nature sans la dévaster, par exemple lorsqu’ils nagent dans les flots de l’Atlantique : plaisir personnel, connaissance scientifique et respect de la Nature. Cette maîtrise de la Nature se retrouvera dans l’organisation publique annulant tous les effets dévastateurs des ouragans qui, en effet, ne causent quasiment pas de dégâts matériels et aucune perte humaine à Cuba, là où à Haïti ou aux États-Unis, ils ont de désastreuses conséquences. Castro est, pourrait-on dire, « cartésien », au sens où il a rendu son État comme maître et possesseur de la Nature. Au fond, il a toujours plaidé pour la réconciliation de l’homme avec la Nature, même dans les colères de celle-ci. C’est également à mes premières lectures de Fidel Castro (du Che et d’Amilcar Cabral) que je dois la force de mes premières vives discussions avec les Combattants angolais qui, après leur formation militaire à Cuba ou en Chine, transitaient au domicile paternel à Abidjan, avant de rejoindre les maquis angolais, pour se battre et donner leur vie pour l’indépendance et la Liberté.
Et comment ne pas rester ébaubi par les performances de Castro en matière d’Éducation, Santé et de Sport ? Quelquefois, avec peu, on peut beaucoup. La culture du Cubain (musique, jeu d’échec, etc.) moyen est presque sans égale.
En tous les cas, le terrible blocus maritime, les six cent-trente tentatives d’assassinat en cinquante ans (soit en moyenne une tentative par mois), l’effondrement de la Russie soviétique, rien n’aura finalement empêché Fidel Castro d’apporter un soutien sans faille et décisif aux combattants de la Liberté en Afrique : en Algérie, en Guinée-Bissau et Cabo Verde, et surtout Angola et en Namibie, lors de la célèbre bataille de Cuito-Cuanavale (12 – 20 janvier 1988) dans le sud-ouest de l’Angola, qui verra l’affaiblissement militaire définitif du FNLA de Roberto Holden soutenu par Mobutu (Zaïre) et de l’UNITA de Jonas Savimbi appuyé par les USA et la France, ainsi que la fin de l’opération militaire de l’Afrique du sud (SADF) raciste et de laquelle résultera l’indépendance de la Namibie et la fin de l’Apartheid. Merci encore Fidel !
L’histoire médicale des endémies tropicales retiendra aussi la rapide implication et la contribution décisive du corps médical du Cuba de Fidel dans la lutte contre les grandes endémies en Afrique (ébola, sida), en Guinée-Conakry, Liberia, Sierra-Leone, etc., quand les grandes puissances s’interrogeaient. Merci encore Fidel !
Au fond, Fidel aura amélioré le sort des pauvres du monde. Et s’il n’est pas exempt de critiques, cela suffit à ce que nous saluions sa mémoire et son œuvre : jusqu’à la victoire, continuons !