Médiathèques d’Épinay : culture à l’abandon
Réalisation emblématique de la majorité sortante en matière culturelle, la médiathèque Colette cache derrière ses tristes façades grises des salles spacieuses et lumineuses. On y a toutefois oublié un élément : les livres. Les usagers sont en effet nombreux à se plaindre de la faiblesse des collections municipales, en quantité comme en qualité. Et la situation est pire encore dans les deux autres bibliothèques (Jules-Vallès et Albert-Camus), où le personnel courageux est confronté à des problématiques de centre socio-culturel voire de halte garderie, plus qu’ils n’est sollicité pour des recherches bibliographiques. Les lecteurs ont déserté les lieux depuis longtemps.
Ce qui est également frappant, c’est le caractère fort sélectif des choix effectués. Impossible de trouver certains livres majeurs de Louis Aragon, de Roger Vailland, d’Alberto Moravia, de Pier Paolo Pasolini, d’Eugène Zamiatine, d’Alexandre Ostrovski… La diversité des opinions déplaît-elle tant à la mairie ? Pour bien saisir la portée de ces absences, certains fondements de la pensée contemporaine, le 18 Brumaire de Marx, les écrits de Proudhon, de Lafargue, n’existent pas à Épinay. Les derniers opus de Jean d’Ormesson ou de Lorànt Deutsch sont, eux, en bonne place.
Face à ces problèmes, la réponse est toujours la même : grâce au réseau des médiathèques de Plaine Commune, le lecteur peut faire venir des livres conservés dans les collections des villes voisines. Derrière les coûteux investissements de la ville, les trois bibliothèques ne sont ainsi guère autre chose que des guichets de prêt, afin d’accéder aux livres appartenant à des communes mieux dotées.
Une bibliothèque est un lieu d’échanges, de découverte, d’initiation, d’étude, et l’on est en droit d’attendre que celles d’Épinay offrent une tout autre variété d’ouvrages. Les citoyens, les enfants, les étudiants d’Épinay méritent de vrais lieux de cultures, vivants et stimulants !