Ma correspondance avec Lépold Sédar Senghor
Il y a quelques semaines, tandis qu’avance le Printemps, j’ai commencé à classer l’ensemble de mes « anciennes correspondances », longtemps demeurées sans ordre précis dans de vieux cartons de rangement. Du moins celles que j’ai pu conserver. Car de nombreuses, dont je ne puis déterminer l’importance, se sont égarées. Elles s’étendent de la fin des années 70 au seuil de l’an 2000 et portent, toutes, le sceau de la fin du siècle dernier. Et, depuis un immense bonheur s’est emparé de mon âme et ne sait plus comment cesser au fur et à mesure de leur redécouverte. Ces Lettres menaient une double existence : la première, indistincte et confuse, dans ces poussiéreux cartons de rangement. La seconde dans « les recoins obscurs de ma mémoire », pour reprendre les mots de Saint Augustin.
À présent, les ordonne toutes, mon Souvenir qui les appelle à la lumière, m’offrant l’occasion de nouvelles méditations sur mes liens avec quelques grands intellectuels de cette époque : l’angolais Mario de Andrade (co-fondateur du Mpla), Samir Amin (théoricien du développement endogène), Yves Bénot (l’explicateur des idéologies africaines), Louis Sala-Molins (mon directeur de thèse de doctorat qui relança la critique du si odieux Code Noir), Jacques D’Hondt (l’infatigable investigateur sur les secrets de la pensée de Hegel), Yves Lacoste (le géographe de la guerre), Otto Pöggeller (du Hegel Archiv), Amady Ali Dieng et Christophe Wondji (tous deux moins connus), et tant d’autres encore. Tous, au gré des échanges épistolaires, ont fini par m’appeler « Ami ».
Mais, dans ma collection (incomplète) de Lettres, une série se détache, celle d’un prodigieux « négro-africain » : Léopold Sédar Senghor, à propos duquel un ouvrage est en préparation, comme depuis longtemps promis à Elvire. Sous ce rapport, j’ai le plaisir de publier trois Lettres, qui retracent sa demande de voir publier dans sa revue Éthiopiques mon texte consacré au rapport longtemps demeuré méconnu entre Hegel et l’abbé Grégoire, cet immense ami des Noirs luttant inlassablement contre la Traite atlantique, militant de façon ardente pour l’abolition de l’esclavage des Nègres et qui demeure le grand ami de Haïti et de Toussaint-Louverture, mais que l’Afrique noire de trop faible mémoire ne célèbre pas encore. Les autres Lettres de Senghor paraîtront dans l’ouvrage annoncé.