L’héritage de Gilbert Bonnemaison : prévention, répression, solidarité
Contre la volonté de la famille, et dans une visée électoraliste à l’approche des municipales, le maire actuel a décidé de dédier une petite rue à celui qui pendant 28 ans a présidé aux destinées de notre ville : Gilbert Bonnemaison. Pourtant, pendant des années, lorsque le maire actuel était dans l’opposition, il fit campagne parfois violemment contre Gilbert Bonnemaison, notamment sur le thème de l’insécurité.
Pourtant, au regard de la hausse continue et accélérée de l’insécurité sous le mandat du maire actuel, on ne peut que conclure à son incapacité à passer des discours aux actes. En matière de sécurité, les choix de ce maire de droite ont tous échoué : désorganisation de la police municipale, réorientation des moyens humains vers la verbalisation des automobilistes, et choix du tout-caméras, avec un matériel coûteux aux deux-tiers en panne et donc sans aucune efficacité.
En la matière, le maire sortant souffre d’un déficit d’ordre conceptuel et intellectuel. Lui qui a passé son temps à en appeler à moins de prévention et plus de répression, et à opposer ces deux concepts, se trouve dans une impasse. Car « prévention » et « répression » ne sont en fait en rien contraires. Si l’on cherche à « prévention » un antonyme, on tomberait sur « contagion » ou « sympathie ». Dès lors, s’opposer à la prévention de la délinquance c’est en favoriser la « contagion ». Ne pas prévenir le crime, c’est l’autoriser, l’encourager.
C’est pourquoi le rapport de la commission des maires rendu en décembre 1982 par son président Gilbert Bonnemaison, figure majeure de la pensée de gauche et de la lutte pour un cadre de vie sûr et apaisé, avait associé prévention et répression comme deux priorités d’une même lutte contre l’insécurité. La répression, mission prioritairement dévolue à la justice et à la police, est un élément incontournable de toute politique de sécurité. Cependant, si on la prend isolément, elle souffre d’un manque crucial : elle suit les faits et, dans le cas d’une multiplication de ceux-ci, elle ne peut vraisemblablement pas les contrôler.
Or, la prévention ne contredit pas mais complète et facilite la répression en empêchant une hausse incontrôlée de la violence, comme en connaît aujourd’hui Épinay-sur-Seine. Gilbert Bonnemaison et la commission des maires avaient ciblé cette mission comme priorité pour les municipalités, mieux à même de régler les problèmes locaux, et d’investir dans les moyens humains et les infrastructures pour apaiser l’environnement urbain et protéger les habitants. Notons au passage que Gilbert Bonnemaison n’était pas du tout opposé à la présence de caméras de surveillance, dont il réclamait alors la généralisation dans les transports franciliens.
À ces deux volets, la commission Bonnemaison avait d’ailleurs ajouté un troisième. « Prévention, répression, solidarité » réclamait en titre le rapport de 1982. Améliorer le cadre de vie, rendre la ville moins anxiogène, lutter contre la misère, favoriser la réussite scolaire pour tous sont des ambitions essentielles en elles-mêmes, mais aussi parce que lutter contre l’échec des jeunes, donner l’espoir et les moyens de l’insertion sociale et de la réussite de chacun, c’est contribuer à éloigner la jeunesse des réseaux de délinquance, qui prospèrent sur l’exclusion et le désœuvrement.
Le rapport Bonnemaison avait entraîné la création des conseils de prévention de la délinquance à l’échelle nationale, départementale et communale, dispositifs depuis démolis par la droite sarkozyste dont le maire actuel se veut le chantre spinassien. En défaisant l’héritage de Gilbert Bonnemaison, la droite a favorisé la délinquance. Il serait temps qu’une politique municipale de sécurité s’appuie enfin sur le triptyque « prévention, répression, solidarité » pour rétablir la tranquillité urbaine et améliorer le quotidien des Spinassiens.