Les Deux Congo : Donald Trump en train d’agir
Il y a dix jours exactement, le Président américain, Donald Trump, prenait et rendait public une Ordonnance passée presque inaperçue en France et en Afrique : « Executive Order Blocking the Property of Persons Involved in Serious Human Rights Abuse or Corruption », Law & Justice, du 21 décembre 2017.
Cette décision, qui engage toute son Administration et contraint les chancelleries et banques étrangères, gèle les avoirs financiers et les biens de treize (13) « personnes impliquées dans de graves violations des droits de l’homme ou dans [des faits de] corruption ». Tous leurs fonds et propriétés en Suisse et aux États-Unis sont bloqués. Ils ne peuvent plus recevoir d’appui de quelque sorte et quiconque le leur apporte tombe sous le coup de cette Ordonnance.
Parmi ces personnes, deux intéressent directement l’Afrique. En premier lieu, Dan Gertler, le richissime diamantaire, à la double nationalité, israélienne et congolaise (Kinshasa), qui est mentionné en troisième position sur la liste établie par cette Ordonnance. Ensuite, Yahya Jammeh, l’ex-dictateur de la Gambie.
Cette mesure-phare et d’autres faits peu connus intéressent tous les démocrates et républicains des deux Congo : Kinshasa et Brazzaville. Ils devraient y voir un « encouragement » indirect de leurs luttes.
Au Congo-Kinshasa : le gel de tous les avoirs et biens de Dan Gertler est un signal politique fort. Car, ce dernier est connu comme l’un des principaux piliers du régime kinois, l’un des soutiens personnels et l’un des plus puissants relais à l’international de Joseph Kabila.
Dan Gertler qui, depuis 2001, faisait la pluie et le beau temps au Congo Kinshasa dans les matière premières minérales, est fini, quasi ruiné. En d’autres termes, Joseph Kabila est frappé au portefeuille. Cette chute est annonciatrice d’un changement profond d’orientation de l’administration américaine dans ce vaste pays au coeur du continent africain.
Le président Joseph Kabila ne peut pas ne pas avoir compris la signification et la portée de l’Ordonnance prise par Donald Trump : le rouleau compresseur est en marche. Et il n’est plus si sûr que Joseph Kabila termine l’année 2018 au pouvoir, s’il persiste dans son intention de fouler aux pieds la Constitution (limitation de mandats présidentiels) de son pays. La sagesse lui recommande de négocier son départ en douceur. D’autant que l’affaiblissement de Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud (fin de mandat, accusations de corruption et destitution possible), l’arrivée de João Lourenço (réputé proche des Américains), nouveau Président de l’Angola, et le contre-coup d’État réussi qui a évincé Robert Mugabe (Zimbabwe) devraient être des alertes et procurer de vives alarmes à Joseph Kabila. Comme pour le tyran du pays voisin.
Au Congo Brazzaville : on remarque que deux grandes entreprises de sécurité (réputées proches des USA) viennent d’y rompre leurs juteux contrats avec l’État. C’est l’indication qu’un changement s’annonce. D’autant que le régime de Denis Sassou Nguesso est acculé de toutes parts : sa « guerre éclair » dans le Pool (région Sud du pays), menée à grands renforts de mercenaires, a tourné à l’enlisement et est un échec militaire manifeste. Le pasteur Ntoumi (Frédéric Bintsamou), maître du maquis, y reste militairement invaincu et est auréolé d’une demi-victoire sur le terrain ; ce qui équivaut à une pleine victoire. En outre, la Banque Mondiale et le FMI indiquent leurs alarmes quant aux données macro-économiques falsifiées du régime en place. Par ailleurs, le président Français, Emmanuel Macron, ne semble pas enthousiaste à soutenir le tyran de Brazzaville. De même, l’Angola, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, les trois géants de la sous-région, ne paraissent pas plus empressés non plus.
Denis Sassou Nguesso serait donc bien inspiré de ne plus écouter tous ses conseillers qui lui prodiguent de mauvais conseils. Il gagnerait à préparer sa sortie.
Dans les deux Congo, que celui qui a des oreilles pour entendre, entende : l’Afrique républicaine peut y tirer réel avantage. L’affaire de la vente et la mise en servitude des Migrants en Libye mondialisée par CNN était un signal.