Réponse à Serge Méry
La fourberie – non pas à la manière de Scapin, parce que j’eus des deux mains applaudi – mais selon la définition qu’en donne La Bruyère dans Les caractères : « La finesse est l’occasion prochaine de la fourberie ; de l’un à l’autre le pas est glissant ; le mensonge seul en fait la différence ; si on l’ajoute à la finesse, c’est fourberie ».
Pourquoi, Serge Méry, ne dis-tu pas la vérité, sur l’union de la gauche à Épinay ? Comment peux-tu ne rien dire de toutes les marques d’attention dont tu as bénéficiées ? Tes omissions volontaires de faits réels et ton dessein de victimisation sont les aveux d’une dissimulation. Mais le discrédit que tu tentes de jeter choque bien plus encore. L’objet de cette réponse est de le réfuter.
Rappel des faits : sept organisations politiques auxquelles tu as été associé ont créé le Groupe des Huit. L’objectif de ce collectif est de vaincre l’alliance honteuse entre la droite locale (UMP+UDI+MODEM) et l’extrême droite (FN et MPF), conduite par le maire sortant. La perspective est d’en finir avec ce « clan », de rétablir la justice sociale et de promouvoir le développement économique de notre ville.
Rassembler la gauche locale n’a pas été difficile. Ses composantes étaient prêtes. Aussi, après les premières concertations, le Front de Gauche a-t-il pris l’initiative du rassemblement. Mais cette unité se heurtait à une question centrale : qui, de Yannick Trigance et de Serge Méry, devait conduire cette union lors des prochaines municipales ?
Au cours d’une rencontre difficile où, il est vrai l’ordre du jour n’a pas été respecté, et durant laquelle je t’ai défendu sans que tu ne te défendes toi-même, j’ai fait trois propositions :
1°) Un vote interne auquel ne prendraient part que le responsable de chacune des sept organisations et toi-même. Rien de plus démocratique, pour désigner le « leader » des Municipales. Tu as accepté l’idée comme nous tous.
2°) Pour la pondération du scrutin, une voix par organisation et une voix pour toi, ce qui fait un total de huit. Il n’est pas de mode plus « égalitaire », puisqu’il attribue, à chaque composante, une voix, alors qu’elles ne sont pas forcément d’un poids électoral égal. Tu en as accepté l’idée et la procédure : c’était un système à ton avantage.
3°) Enfin, un engagement moral : toutes les composantes, mis à part le Front de Gauche, soit cinq (toi compris) ont accepté l’idée que le résultat du vote interne s’imposerait à tous. Ta dernière déclaration vient contredire ton engagement.
Le « vote interne » a donc été lancé. Il est en cours et, comme convenu, chaque organisation et toi-même a la possibilité de choisir « son » candidat et de décider de la date d’annonce de son choix. Seul le Front de Gauche a fixé son choix pour l’automne.
Il y a déjà des résultats partiels, des choix quasi définitifs. Tout d’abord, aucune des sept organisations du Groupe des Huit à s’être exprimée n’a voté pour toi.
– Europe Écologie Les Verts a d’emblée pris position pour Yannick Trigance, dès le mois de juin dernier. Tu les as rencontrés, en leur promettant l’édification de deux mosquées à Épinay, sans les convaincre de changer leur choix.
– Le Rassemblement Citoyen Indépendant t’a reçu à trois reprises, pour entendre ton projet. Ses membres t’ont qualifié de démagogue et ont opté pour Yannick Trigance.
– La section locale du Parti Socialiste, elle, a naturellement choisi son secrétaire de section, Yannick Trigance.
– Comme tu as rejeté la suggestion du « vote interne » que j’avais proposé, le mouvement Pour une ville juste envers tous, que je dirige, a décidé de s’en remettre au vote de ses membres pour le choix du « tête de liste ». Le choix s’est porté sur Yannick Trigance.
– Le Front de Gauche (Parti Communiste Français, Alternatifs et Parti de Gauche), lui, t’a clairement signifié que tu ne serais pas leur « tête de liste », si jamais il venait à engager une liste autonome. Surtout, dès le départ, le Front de Gauche a refusé de choisir entre Yannick Trigance et toi, car il considère (à juste titre) que c’est un conflit interne au Parti Socialiste.
Personne autant que moi n’a défendu ta « cause », au sein du Groupe des Huit. Rappelle-t’en, au départ, une majorité d’organisations était attentive à ta candidature. Mais tu n’as pas su faire passer ton message, pour trois raisons.
Premièrement, ton seul argument était le « Tout Sauf Trigance », alors même que tu ménageais la droite et Hervé Chevreau dans tes interventions et tes actes. Quelle erreur ! Deuxièmement, tu n’avais pas d’axe de campagne. Stupéfiant !Troisièmement, tu n’as cessé de cloisonner tes rencontres internes, ce qui a levé une suspicion générale à ton encontre. La défiance s’est installée. Ne t’avais-je pas mis en garde contre cette démarche ? Au reste, je te l’ai souvent dit et avec vivacité, tu n’avais pas d’arguments ni de projets visibles, c’est-à-dire qu’au mieux, tu ne les exposais pas suffisamment. Tu n’as jamais laissé voir quelle était ta vision de l’avenir d’Épinay. Tous nos partenaires de gauche en sont témoins.
Tu as donc perdu le « vote interne », parce que tu n’as pas su faire ta campagne interne. Tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même. Alors même que seuls quatre membres du groupe des Huit se sont à ce jour prononcés, tous ont décidé de soutenir Yannick Trigance, qui dispose du soutien de quatre composantes du Groupe des Huit. Et, je te le rappelle, le Front de gauche a déjà indiqué qu’il ne te soutiendrait pas et choisirait entre l’établissement d’une liste autonome et le soutien à la liste d’union menée par Yannick Trigance.
Sois donc bon perdant, en vieux routier de la politique ! Pourquoi faire croire à tes « Amis » que tu es victime de je ne sais quelle machination ? Petites tensions ou échanges plus durs, ce ne sont pour au regard de ton expérience que des anecdotes insignifiantes. En te posant comme victime, en travestissant ta défaite interne, tu pratiques une finesse qui glisse vers le mensonge.
Par moment, à t’écouter, je me demandais si tu voulais vraiment être « tête de liste » de la gauche réunie. Tu donnais le sentiment de ne vouloir que faire battre Yannick Trigance. Rien d’autre. En outre, ton argument spécieux selon lequel tu te réservais le droit de négocier jusqu’à l’heure du dépôt officiel du dépôt de liste t’a desservi. Car il dévoilait une intention malsaine et contredisait la logique même de l’union. D’autant qu’il n’a impressionné personne, certains estimant même que ton seul but était de sauver la droite locale. Les Ivoiriens dont l’humour est célèbre ont une belle expression que l’orgueil ne paie pas : « gros cœur mange pas du riz chaud ».
Vois-tu, ce qui déshonore un combattant, ce n’est pas la retrait, mais la fuite. Ce qui déprécie un militant, c’est lorsque de l’intérieur il favorise le camp adverse. Écoute, ami ! Laisse donc Hervé Chevreau perdre. Et s’il doit perdre ne lui soit pas une béquille, en favorisant vaille que vaille la formation d’une deuxième liste à gauche qui n’obéirait à aucune nécessité réelle.
Reste enfin le reproche selon lequel tu « travaillerais » pour la droite locale, qui est entrée en phase de décomposition. Scrute les augures et observe les signes. Les Spinassiens sont épuisés de l’arbitraire du « clan » qui dirige la ville. Tu étais au feu d’artifice du 13 Juillet. N’as-tu pas remarqué combien les citoyens l’ont boudé ? Cinq fois moins de participants que pour l’édition 2012 ! Même les cocktails n’attirent plus. Il y a cent autres exemples de ce désaveu.
Je n’ose imaginer que tu serais, de nouveau, le secours de la droite locale contre le Parti Socialiste dont tu es adhérent. Souviens-toi de la lettre que je t’avais déjà adressée lors des municipales de 2008. Pourquoi persistes-tu à donner raison à ceux qui t’accusent de « connivences » avec Hervé Chevreau, celui-là même qui, malgré les appuis que ton équipe lui a apportés, n’a pas manqué de t’évincer du seul mandat qui te restait, celui de Conseiller général ?
Ne sois pas, je t’en prie, le « brandelier » de la droite spinassienne et de l’extrême droite locale. Pas cela. Mais si jamais tu veux l’être, alors soit le clairement. Ne cache rien, ne lie pas finesse et mensonge. Dis les choses ouvertement et sur la place publique. W. Churchill avait raison de dire que le courage est la première vertu en politique.
À ceux qui me disaient récemment trouver « honteuse » ton attitude, j’ai répondu ceci : « chacun fait ce qui lui ressemble ». Et, vois-tu, n’est pas Scapin qui veut ! C’est tout un art, que d’être valet.