La bataille de l’emploi à Épinay-sur-Seine
Aujourd’hui, un emploi pour 4 travailleurs !
Il est toujours regrettable que les chiffres locaux de l’emploi soient publiés avec près de trois ans de décalage. Mais ils n’en demeurent pas moins éloquents.
Ainsi les chiffres de l’année 2010, publiés cet été, indiquent qu’à Épinay-sur-Seine, pour une population de près de 54 518 habitants dont 35 576 en âge de travailler (15-64 ans), seuls 8 596 emplois existaient fin 2010 sur le territoire de la ville. Un emploi pour 6,3 habitants et pour 4,1 en âge de travailler, donc, à comparer aux chiffres d’Enghien-les-Bains (un emploi pour 1,5 habitants en âge de travailler) et de Saint-Denis (un emploi pour 1 habitant en âge de travailler) !
1 000 emplois perdus chaque année !
Face à cela, la mobilisation du maire est bien faible. Et les dispositifs censés aider à la recherche de l’emploi ne peuvent compenser la sévérité des faits : Épinay perd plus de 1 000 emplois par an !
Ainsi, en 2010, Épinay a perdu 1 218 emplois tous secteurs confondus (9 814 en 2009, 8 596 en 2010). À ce rythme et si rien n’est fait, aucune activité ne subsistera sur le territoire de la commune d’ici 2020 ! Et dans le même temps, Saint-Denis gagne près de 2 000 emplois par an (1 853 en 2010), dont certains transférés directement ou indirectement du territoire d’Épinay, comme l’exemple des studios et de l’ouverture concurrente de la « Cité Luc Besson » vient tristement le montrer.
Épinay demain, une ville sans activité ?
On ne s’étonne dès lors plus, non seulement du taux de chômage élevé dans la commune (15,8 % en 2010 contre une moyenne des villes françaises de 9,1 %), mais aussi de la faiblesse du taux d’emploi (56,7 %) et du faible nombre d’actifs. Seuls 68,4 % des Spinassiens en âge de travailler sont en emploi ou en recherche d’emploi, c’est nettement moins que la moyenne urbaine française (73,3 %).
Ceci n’est évidemment que la traduction statistique de réalités que nous connaissons bien. Ce sont les femmes et hommes qui ont renoncé à l’insertion professionnelle et comptent sur la solidarité des leurs, et que nous voyons confrontés aux difficultés quotidiennes pour se loger et faire vivre décemment leur foyer. Ce sont tous ceux qui, parce que c’est le seul moyen pour eux de subsister, travaillent sans contrat (« au noir »), sans droits au chômage ou à la retraite, sans droit tout court. Ce sont les jeunes que nous voyons dériver vers l’économie « informelle », qui masque essentiellement l’insupportable quotidien de la délinquance et des trafics.
De la banlieue parisienne à la banlieue dionysienne
La disparition des emplois correspond bel et bien aux choix effectués par la majorité de droite : transformer Épinay en ville-dortoir, quand les villes voisines créent à l’inverse de l’activité. Avec l’équipe sortante. Épinay ne sera bientôt définitivement plus en banlieue parisienne mais en banlieue dionysienne, situation aggravée par le développement de lignes de transports qui ne relient Épinay qu’à Saint-Denis (Tramway, Tangentielle nord) et privilégient systématiquement Saint-Denis pour les trajets longs (Grand Paris Express).
Ainsi vont les choses à Épinay, ville populaire condamnée, par l’incompétence et le mépris de ses élus, encore et toujours à l’éloignement et à la relégation territoriale. Il faut à notre ville une autre politique, et un maire qui se montrera capable d’infléchir cette évolution déplorable.