Hommage à Pierre Bérégovoy

Par Pierre Franklin Tavares|30 avril 2013|Actualités, France

Il y a vingt ans mourait Pierre Bérégovoy. Ce fut une figure marquante de l’époque où, sorti du congrès d’Épinay, le socialisme français avait encore quelques racines et n’avait pas autant pâli.

Pierre Bérégovoy, d’extraction sociale modeste, né de parents ukrainiens, eut un parcours syndical et politique exceptionnel. Peu instruit, s’il est comparé aux élites françaises, il a su cependant gravir toutes les marches de la République, jusqu’à en devenir Premier ministre, certes pour une courte durée (mars 1992 – avril 1993).  Mais aussi beau que fut son chemin, il se termina par une tragédie : le suicide.

Au moment où la République est de nouveau gravement ébranlée par la corruption (les affaires Cahuzac ou Servier en témoignent), comment ne pas penser à Pierre Bérégovoy, qui dans son discours de Politique générale à l’Assemblée nationale (8 avril 1992) annonçait comme une priorité publique la lutte contre la corruption, avant d’être finalement lui-même rattrapé par les « affaires » (dossiers Patrice Pelat, Samir Traboulsi, Urba) ? Comment ne pas également penser à lui quand le climat d’austérité évoque la rapide dégradation des comptes publics de 1992 et 1993 ?  Comme le dit Platon : « L’écaille s’est retournée, le poursuivant devient le poursuivi ».

L’homme est une pure « vanité », comme dit Bossuet. Car c’est au moment où il touche à son but, qu’il est le plus proche de sa fin.  François Mitterrand, fin lecteur des lettres françaises, n’ignorait pas les leçons de Bossuet, l’Aigle de Meaux. Lors de l’oraison funèbre de Pierre Bérégovoy, à sa manière, il rappela cette vérité sur la mort :

« Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous. »

 

Partager cet article: