Après la colère des Indignés, la révolte des Vertueux
La colère des Indignés s’est éteinte. Stéphane Hessel, qui a théorisé cet état d’esprit, est mort. Mais un autre phénomène est à l’œuvre, plus profond nous semble-t-il.
Irène Frachon, médecin pneumologue. Edwy Plenel, journaliste d’investigation. Avec eux, la révolte des vertueux a commencé. Il était grand temps, en cette époque où le scandale est devenu le trait dominant du temps politique. Par un livre, Médiator 150 mg, combien de morts ?, Irène Frachon a mis au jour les graves effets pathologiques (destruction des valves cardiaques) du benfluorex. Et, seule, elle est parvenue à faire démanteler le mécanisme criminel sur lequel reposait l’activité des laboratoires Servier. Bilan provisoire : au moins 500 morts. Médiapart, un site d’informations, vient de réaliser une belle « prise de guerre » ! En dévoilant au grand public la première partie de l’Affaire Cahuzac, en s’obstinant contre tous, Edwy Plenel et son équipe ont révélé un vaste réseau de blanchiment d’argent dont était membre un ex ministre chargé de la lutte contre l’évasion financière, de la fraude fiscale et de la rigueur budgétaire. Irène Frachon et Edwy Plenel sont des révoltés. Mais, dans leur démarche, un fait reste frappant. La vertu retentit depuis la société civile (corps médical et celui des journalistes) et non par l’État, comme on devrait s’y attendre si les institutions fonctionnaient normalement. C’est la leçon de cette révolte : la société civile française n’accepte plus que l’État ne soit pas vertueux. D’autres citoyens viendront enfler la révolte des vertueux. Malheur à qui voudra arrêter la vertu !
Toutefois, prenons garde aux hordes de faux vertueux. Le jour, ils se répandent en leçons sur la République, quand la nuit, ils caressent le songe de la supprimer. Ces Camelots de la reine marine vouent une haine viscérale à Marianne, « la gueuse » disent-ils. Leur audience s’amplifie. Face à eux, il n’est d’autre solution que deux grands principes : vertu et frugalité.