Épinay : handicap et inhumanité du maire
Madame Nadia Mokhtari, Française d’origine kabyle, habite Orgemont depuis 2001, confinée dans un appartement de type T 3 situé au 1er étage, dans un immeuble de 4 étages sans ascenseur. Rien de plus banal.
Ce qui l’est moins toutefois, c’est sa situation qui ne peut que choquer ceux qui ont un cœur et une raison. En effet, la nature a fragilisé Fériel, sa fille, polyhandicapée : handicapée moteur, elle est également épileptique et ses muscles nobles s’amenuisent. Elle ne parle pas. Elle ne peut seule se déplacer. Elle est atteinte du syndrome de destruction qui la conduit à briser tout objet tombant dans ses mains. Parfois, elle tente de se défenestrer. Angoisse. Et, toutes les nuits, elle pousse des cris. Elle souffre beaucoup. Qui ne l’a prend en compassion, de quoi d’autre peut-il s’émouvoir ?
Pourtant, le maire reste sourd aux demandes répétées de relogement de Nadia Mokhtari. Depuis 2001, elle ne cesse de renouveler sa demande pour un relogement en rez-de-chaussée. Ces refus successifs sont d’autant plus incompréhensibles et inadmissibles, que Mme Nadia Mokhtari ne réclame même pas un logement adapté pour handicapé, mais simplement un logement de type T 5, en rez-de-chaussée. 13 ans de refus du maire et du service logement qu’il dirige personnellement.
Pourtant, la mère et sa fille sont en droit d’attendre les secours de la société et de la République sociale. Qui plus est, Mme Nadia Mokhtari a un frère médecin et une sœur ingénieur qui, de besoin, peuvent se porter cautions solidaires. Elle n’offre donc aucun risque locatif.
Je ne dirai rien ici des échanges ahurissants qu’elle a eus avec le maire. Elle saura, mieux que moi, les dire. Ceux qui veulent savoir peuvent les lui demander. Toujours est-il que, et je l’ai maintes fois dit, le maire d’Épinay-sur-Seine est un homme insensible. C’est-à-dire sensible qu’à ses proches, et pas aux autres. La veuve, l’orphelin et le pauvre ne lui arrachent rien du cœur. Mme Najate Lemounes, par exemple, le confirmera et tant d’autres encore. La majorité des handicapés de notre ville en sont maintenant convaincus.
Depuis 13 ans, Mme Mokhtari porte sa peine quotidienne comme un faix. Chaque matin, elle met sa fille au dos, pour la faire descendre du 1er étage au rez-de-chaussée, afin qu’elle parte en voiture dans une école spécialisée. Chaque fin d’après-midi, vers 17h25, elle la remet sur son dos, pour la monter au 1er étage. Comme le montre la photo ci-dessus. Et, spectacle affligeant, puisque sa fille est à mobilité réduite, elle doit la soulever puis la jeter dans un lit inadapté. Au demeurant, toutes les portes de l’appartement ont des barrières pour empêcher Fériel de se défenestrer. La cuisine est un bunker, on en saisit vite les raisons : lieu à hauts risques. La salle de bains, exigüe, est difficile d’accès. Le corps usé, Mme Nadia Mokhtari utilise un neurostimulateur pour soulager ses douleurs dorsales dues au fait de porter quotidiennement Fériel.
Elle n’est pas son seul enfant. Elle a deux autres filles scolarisées, de 9 et 11 ans. Le logement étant petit (3 pièces), la mère a transformé un placard en bureau pour sa cadette, tandis que l’autre sœur fait ses devoirs scolaires dans la chambre de sa mère. Heureusement, les résultats scolaires ne sont pas mauvais. Pour moi, c’est une joie de les voir étudier. Car elles gardent espoir d’un meilleur futur placé dans l’école de la République si chère à Victor Duruy.
À la veille de Noël, comble de cynisme, un appartement été proposé à trois familles de handicapés. L‘immoralité ici est d’oser mettre en concurrence trois familles éprouvées, pour n’en retenir qu’une seule. La candidature de Mme Mokhtari n’a pas été retenue. « C’est la loi du marché » lui a dit le cabinet du maire.
À ce cynisme, s’est ajouté une cruauté gratuite et une impolitesse qui en dit long sur la nature réelle de cet élu. Jeudi dernier, en effet, son cabinet informe Mme Nadia Mokhtari que son rendez-vous avec le maire était annulé. Pourquoi ? Parce qu’il n’avait rien à lui proposer.
Inhumains, ces élus qui n’entendent pas l’immense détresse des familles des handicapées. Inhumaines, les communes qui ne prennent aucune disposition pour faciliter la vie des handicapées. Deux fois cruelles, les communes dont les élus n’aiment pas les handicapés.
Il y a, à Épinay-sur-Seine, comme une haine du handicapé. Aucun service municipal n’est adapté pour les accueillir. Aucune rue n’est aménagée pour faciliter leur déplacement. Peu d’aides. Il y a bien une haine municipale des handicapés. Et ce mépris foule aux pieds les lois sur la protection de l’enfance et les lois sur les handicapés. Quelle injustice !
Vivement le 23 mars 2014, que l’on chasse d’un coup sec ce « clan qui dirige notre ville » au profit exclusif des leurs.