Nuit d’émeutes à Épinay
Pourquoi donc le maire a-t-il pris le risque inouï d’organiser un concert de rap, dans un contexte local éminemment conflictuel ? La décision est insensée ! Car, depuis plusieurs semaines, Épinay-sur-Seine n’est qu’un vaste théâtre d’affrontements entre bandes composées de jeunes (16 – 22 ans) et d’adolescents (13 – 15 ans), sur fond de contrôles de territoires, de trafic de stupéfiants et de rivalités amoureuses. Sous ce rapport, il reste très symptomatique que ces groupes se dénomment par le nom des rues qui leurs « appartiendraient ». Par exemple, RDP, pour ceux de la « Rue De Paris », ou RDM, pour la « Rue De Marseille ». Indubitablement, dans notre ville, la municipalité a perdu le contrôle des pans entiers de son territoire.
En outre, sur les réseaux sociaux et par le bouche-à-oreille, l’information circulait selon laquelle il y avait des rixes prévisibles, des querelles, d’inévitables altercations, des bagarres annoncées, des règlements de compte.
Si le maire de droite et d’extrême droite sortant a pris un tel risque, c’est que son «évaluation » n’était nullement dictée par des impératifs d’ordre public, mais par des calculs électoraux : gagner le suffrage d’une partie de la jeunesse de notre ville, pour les élections municipales des 23 et 30 mars 2014.
Mauvaise estimation, puisque la manifestation festive, qui était annoncée comme un événement, a produit « un remarquable bilan » :
- une gigantesque émeute rue de Paris (centre ville), où près d’une douzaine de voitures ont été vandalisées (vitres brisées, carrosseries endommagées, etc.),
- des altercations rue de Marseille (Orgemont),
- coups de couteau et bastonnades,
- plusieurs coups de feu tirés dans la nuit,
- affrontements entre deux bandes à L’Espace Lumière, où se déroulait ce concert de rap.
Outre le coût de la prestation du rappeur, de celui des dégâts, de la mobilisation des forces de l’ordre (Police nationale, Police municipale, sociétés privées de surveillance) des assurances, de l’enlèvement des véhicules vandalisés, du nettoyage, etc.) s’élève à plus de 150.000 euros. C’est bien là, pourrait-on dire, un « remarquable bilan », pour reprendre le ridicule slogan du maire sortant !
Ce désastre prévisible appelle une petite leçon de prévention : quelques jours avant ce concert à hauts risques, il eût été plus judicieux et combien plus intelligent et peu coûteux de demander au célèbre rappeur Rohff, dont le talent est incontestable, de diffuser des messages de paix et de cohésion à l’adresse des jeunes Spinassiens. En lieu et place, il n’a été fait que de la publicité municipale. Ainsi, qui ne fait pas de prévention, ne doit pas s’étonner de l’insécurité.
En tous les cas, le maire de cette ville a totalement échoué en matière de sécurité. Le plus stupéfiant est de le voir créer des « occasions » d’insécurité. Quelle pitoyable fin de mandat !